Connus dès le VIème siècle av. J. – C. par les collons grecs de la Mer Noir pour leurs qualités de bons commerçants, les Gèto-Daces s’affirment dans les yeux des romains plutôt grâce à leurs aptitudes de guerriers. A son apogée sous le règne de Burebista (82 – 44 av. J.-C.), le royaume dace représente une menace pour l’Empire Romain, raison pour laquelle Julius César envisage une grande expédition contre celui-ci. Mais l’éventuelle conquête romaine est retardée par l’assassinat du dictateur suivie peu après par celui de Burebista. Ainsi, le royaume consolidé sous l’enseigne du loup-dragon va connaitre un autre destin.
Après les campagnes militaires de 101 – 102 et 105 – 106 menées par l’Empereur Trajan contre le roi Décébale, une partie de la Dacie est conquise et transformée dans la province romaine « Dacia Felix » (« Dacie Heureuse »). D’autres parties du Royaume dace sont intégrées à la province romaine Moesia Inférieur ou sont restées libres. La retraite par Aurélien en 271 de l’administration ainsi que des légions romaines au sud du Danube facilite par la suite l’établissement sur le territoire de la Roumanie actuelle des peuples migrateurs dont, à partir du VIème siècle, les slaves. En étant assimilés par les daco-romains, ceux-ci contribuent au fil des siècles à la genèse du peuple roumain.
Entre 896 et 900 les hongrois pénètrent dans la plaine de Pannonie pour mener des campagnes expansionnistes vers l’Ouest. Après avoir été arrêtés en 955 par Otto I, leur attention se dirige (entre autres) vers le plateau transylvanien, région qui se voit annexée progressivement au Royaume de Hongrie (1000 – 1526). Les magyares consolident leur pouvoir entre XIIème et XIIIème siècles par la colonisation du territoire avec des hongrois, des sicules (peuple issue d’un mélange turco-magyare) et des saxons (peuple d’origines germaniques), mesures ayant comme but la défense du territoire conquis ainsi que son développement économique.
Face à la tendance d’expansion du Royaume de Hongrie au sud des Carpathes, les petits féodaux d’origines valaques cherchent à rompre les relations de vassalité avec le roi magyare. Ainsi, 1330 marque la naissance du voïvodat de la Valachie sous le règne de Basarab Ier (1310 – 1352). Elle comprend Muntenia et Oltenia et, entre 1390 et 1418, Dobrogea, qui lui fut annexée suite à la victoire de Mircea cel Batran (1386 – 1418) contre l’Empire Ottoman (1299 – 1922). Hélas, après sa mort, la Valachie finit par payer tribut à la Sublime Porte pour pouvoir garder son autonomie interne, pendant que Dobroudja est transformée pour pendant presque quatre siècles et demi en province ottomane.
Certes, la fondation par Bogdan Ier (1359 – 1365) du voïvodat moldave (représentée aujourd’hui par Moldova, Bucovina, Republica Moldova ainsi que certains territoires en Ukraine) devrait être mise dans le contexte de la résistance contre la suzeraineté magyare même si la légende du taureau chassé par Dragos (1351 – 1353) et par sa chienne Molda (d’où le nom) est gravée pour toujours dans son blason. Par la suite, pendant le règne de Stefan cel Mare (1457 – 1504) la Moldavie arrive à préserver son indépendance face à l’Empire Ottoman, devenant après la chute de Constantinople en 1453 un ilot de la chrétienté dans la région. Mais elle finit par devenir officiellement vassale de la Porte en 1538.
Après la conquête de la Hongrie en 1526, les voïvodes roumains sont nommés directement par le sultan parmi les nobles locaux. La position est octroyée au plus offrant. C’est dans ce contexte que Mihai Viteazul (1593 – 1601) accède au trône de la Valachie. Mais pas seulement. Dans l’intention de mettre fin à l’oppression ottomane, il conquiert la Transilvanie en 1599 et la Moldavie en 1600 en réunissant ainsi, pour peu de temps, les pays médiévaux de l’espace roumain sous le même sceptre. Sans avoir un caractère politique, l’unification réalisée par le brave voïvode a contribué au réveil de la conscience nationale qui se manifestera plus tard dans un contexte européen favorable à l’unification.
Avec la défaite de l’Empire Ottoman à Vienne en 1683, une autre puissance émerge : l’Empire des Habsbourg. Ainsi, à partir de 1691 la Transilvanie passe sous administration autrichienne directe jusqu’en 1867, quand elle sera cédée à la Hongrie dans le contexte de la double monarchie. Le Banat, la Crisana et le Maramures connaissent un destin similaire. Quant à la Moldavie et la Valachie, toujours sous allégeance ottomane, elles se voient instaurer le régime phanariote comme possible solution contre l’ingérence russe et l’expansion autrichienne. Mais cette mesure n’épargnera pas à la Moldavie sa région du nord qui, cédée par les turcs à l’Empire des Habsbourg en 1774, deviendra la Bucovine.
Suite au traité de paix russo-turc signé à Bucuresti le 6 mai 1812, la Moldavie se voit arrachée également sa partie orientale située dans le voisinage immédiat avec l’Empire Russe (1721 – 1917). Devenue goubernie jusqu’en 1918, la Bessarabie (le nom historique du sud-est de la Moldavie extrapolé par les russes à la région entre Prut et Nistru) est soumise à un longue processus de russification, aspect qui la différentie encore toujours des autres régions d’origine roumaine. Après un passé tumultueux de presque deux siècles, la Bessarabie acquiert en 1991 le statut d’état indépendant sous le nom de Republica Moldova mais sa société reste tiraillée entre Europe et Russie.
L’étincelle de la révolution française de 1848, qui a un caractère plutôt social, allume la flame de la conscience nationale des peoples soumis. L’élite intellectuelle magyare exige la création d’un état national indépendant qui annexe la Transylvanie. La perspective de l’assimilation appelle les roumains à prendre les armes au côté de l’Autriche mais leur victoire se solde, surprennement, avec la création de l’Empire Austro-Hongrois (1867 – 1918). De l’autre côté des Carpathes, la révolution a un caractère plutôt pétitionnaire, avec des insurrections en Valachie. Mais, malgré l’échec, l’éveil national en Moldavie et Valachie donne naissance au drapeau tricolore et au rêve de l’unification.
La guerre d’indépendance grecque (1821 – 1829) remet en question le régime phanariote imposé en 1711 à la Moldavie et en 1716 à la Valachie. Les deux régions regagnent ainsi, en 1821, le droit de présenter au trône leur candidat à la place d’un gouverneur, originaire initialement de Phanar (le quartier grec de Constantinople), imposé par la Porte. En 1859, sous le regard des Grandes Puissances, les deux principautés danubiennes élisent, à quelques jours d’intervalle, le même candidat comme prince régnant – le colonel moldave Alexandru Ioan Cuza. Ceci facilitera l’unification politique des deux régions par l’établissement à Bucuresti, en 1862, de leur premier gouvernent commun.
La « Petite Unification » est consolidée par le successeur de Cuza, le prince d’origine allemande, Charles de Hohenzollern-Sigmaringen. En 1866, il est élu prince-souverain des Principautés Unies de Roumanie sous le nom de Carol Ier. La même année, la nouvelle construction politique est reconnue par la Porte comme un seul état : la « Principauté de Roumanie », tout en lui restant vassale. Sur plan interne, l’alternance au pouvoir entre les libéraux et les conservateur assure la stabilité politique propice à la modernisation. Quant à la Transylvanie, elle perd son autonomie suite à l’alliance austro-hongroise ce qui entraine (entre autres) l’annulation de la représentation politique des roumains.
En 1877 éclate une nouvelle guerre russo-turque. La Principauté de Roumanie s’allie à l’Empire Russe et prend les armes contre les ottomans. C’est pour la première fois depuis des siècles que les roumains affirment leur présence militaire. Avec une armée de 35 000 soldats, dont l’organisation avait été démarrée sous le règne de Cuza, Carol Ier fait pencher la balance en faveur de l’Empire Russe. En 1878, l’indépendance est enfin obtenue et reconnue. De plus, les deux tiers nord de Dobrogea (sous occupation turque depuis 1417), sont restituées à la Principauté de Roumanie, qui deviendra monarchie constitutionnelle avec le couronnement de Carol Ier le 10 mai 1881.
Après deux ans de neutralité, le Royaume de Roumanie se rallie à l’Entente avec la promesse de pouvoir intégrer le territoire austro-hongrois à majorité roumanophone. Quelques mois avant la fin de la guerre, il se retrouve dans la situation de capituler. Mais le retour en force des alliés déterminent les roumains à reprendre leurs armes et ainsi sortir victorieux de la guerre. Après d’âpres négociations à Versailles, le Royaume (réduit à la région de Moldavie) peut annexer les territoires rêvés ainsi que la Bessarabie, la révolution bolchevique ayant joué son rôle. L’unification, proclamée le 1 décembre 1918 (devenue fête nationale), sera celée en 1922 avec le couronnement des souverains Ferdinand et Maria.
Pendant l’entre-deux-guerres, la monarchie est sapée par la crise dynastique provoquée par le roi Carol II. Sous son règne, la Grande Roumanie doit céder au début de la Seconde Guerre Mondiale la Bessarabie, le nord de la Bucovine, le nord de la Transilvanie (récupéré en 1947) et le sud de Dobroudja. Le roi abdique. Son régime autoritaire est remplacé par la dictature du général Antonescu qui s’allie en 1941 à l’Axe. En 1944, avec la reprise du pouvoir par le roiMihai Ier, la Roumanie passe de côté des Alliés tout en restant sous occupation soviétique. Le 30 décembre 1947, avec l’aide de l’Armée rouge, les communistes réalisent un coup d’état. La monarchie est remplacée par une république populaire.
La « stalinisation » de la société roumaine implique l’annihilation des structures existantes : toute opposition politique et intellectuelle est éliminée, l’agriculture est collectivisée tandis que l’industrialisation est forcée au profit des soviétiques. De plus, dans le cadre d’une intense politique de russification, les relations avec l’Occident sont interrompues parallèlement avec la mise à l’écart des valeurs nationales. Le besoin de s’éloigner par rapport à Moscou commence à se faire sentir. Il se voit satisfait par Nicolae Ceausescu, élu président de la République socialiste de Roumanie en 1974, qui cherche à donner au communisme roumain une forme distincte de celle soviétique.
Le régime de Ceausescu se fonde sur le culte de la personnalité. L’arbitraire despotique se manifeste dans tous les aspects de la vie. Des tensions s’accumulent et des émeutes éclatent sporadiquement: en 1977 la grève des mineurs de la Vallée de Jiu, en 1987 celle des ouvriers de Brasov. Et 1989 arriva. L’étincelle de la révolution jailli le 16 décembre à Timisoara. L’effervescence s’étend jusqu’à Bucuresti d’où, lors du discours de fin d’année, Nicolae et Elena Ceausescu s’échappent en hélicoptère. Le couple présidentiel est arrêté et exécuté après un simulacre de procès trois jours plus tard, le 25 décembre. Ainsi, la révolte populaire se transforme en coup d’état qui révèle les convoitises pour le pouvoir.
Le régime de Ceausescu se fonde sur le culte de la personnalité. L’arbitraire despotique se manifeste dans tous les aspects de la vie. Des tensions s’accumulent et des émeutes éclatent sporadiquement: en 1977 la grève des mineurs de la Vallée de Jiu, en 1987 celle des ouvriers de Brasov. Et 1989 arriva. L’étincelle de la révolution jailli le 16 décembre à Timisoara. L’effervescence s’étend jusqu’à Bucuresti d’où, lors du discours de fin d’année, Nicolae et Elena Ceausescu s’échappent en hélicoptère. Le couple présidentiel est arrêté et exécuté après un simulacre de procès trois jours plus tard, le 25 décembre. Ainsi, la révolte populaire se transforme en coup d’état qui révèle les convoitises pour le pouvoir.