Roumanie Autrement

La Journée nationale de l’Art photographique en Roumanie

Tous les ans depuis 2010, la Roumanie célèbre le 11 janvier la Journée nationale de l’art photographique. Cette date, établie décision gouvernementale, commémore le jour de naissance de Carol Popp de Szathmary (1812 – 1887), reconnu comme le premier photographe de Roumanie (et de la famille royale).

La première photographie date de 1848. Deux ans plus tard naissait, « sous une bonne étoile », Alexandru Bellu (1850 - 1921). Descendant des grandes familles Ghica, Văcărescu, Cantacuzino et Știrbei, le garçon aura la chance de faire des études de droits à Paris, où il s’initiera aux appareils stéréoscopiques. 

Revenant souvent au pays, dans son manoir de Urlați (Prahova), il dédiera une trentaine d’années à immortaliser la beauté de la paysanne roumaine dans un cadre rural idyllique. Ses mises en scène étudiées mettent en évidence une certaine naïveté de ses protagonistes, combinée avec un érotisme discret.

Une modeste jupe qui laisse s’entrevoir des chevilles fines ou parfois un peu plus, une épaule decouverte par une blouse magnifiquement brodée ou un décolleté profond qui permet au spectateur de deviner la belle poitrine de la jeune femme absorbée par ses tâches quotidiennes, tels sont les tableaux illustrés par Bellu.

Passionné par le mode de vie des paysans, le baron traversait les villages environnants pour photographier également le regard plein de sagesse d’un vieillard, la vigueur d’un jeune aux travaux des champs, le berger avec son troupeau de moutons ou les chars à bœufs. La parallèle avec Grigorescu est irréfutable.

En effet, Alexandru Bellu et Nicolae Grigorescu (1838 – 1907) ont été soudés par les liens d’une amitié artistique, leurs ouvrages étant créés en parallèle. Après la sanglante révolte paysanne, survenue la même année que la disparition du peintre, l’artiste-photographe abandonnât sa grande passion. 

Le contexte social avait changé. Bellu se dédiera dès lors à la collection d’antiquités et d’œuvres d’art qui, combinées avec ses photographies, constituent son leg matériel et spirituel au peuple roumain. Ainsi, le musée « Conacul Bellu » accueille ses visiteurs avec ce patrimoine culturel d’exception. 

Photographie élevée au rang d’art, imprégnée de lyrisme, on lui a donné une place dans l’encyclopédie Internationale des Photographes. N’ayant pas hésité à apporter son appareil à trépied sur le terrain, Bellu nous a laissé un inestimable patrimoine documentaire sous forme d’images de son époque.