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GRIGORESCU ET LA PASSION DU REGARD

"Je regarde les choses avec mes propres yeux et je cherche à les rendre telles que je les vois."

Nicolae Grigorescu (1838 - 1907)

 

Né le 15 mai 1838 à Pitaru (Dâmboviţa), N. Grigorescu est indubitablement l’un des plus célèbres peintres autochtones. Il a propulsé l’art roumain sur le chemin de la modernité, faisant un passage spectaculaire de l’art byzantin traditionnel à un réalisme issu de l’observation directe de la nature, dit "réalisme du regard". 

Consacrant le débute de sa carrière à la peinture religieuse, N. Grigorescu réalise notamment les fresques intérieures du Monastère Agapia, le fruit de son travail lui valant en 1861 une bourse d’études à l’École des Beaux-Arts de Paris. Mais, d’un naturel sensible, il est très vite attiré plutôt par le courant artistique de Barbizon.

Sous l’influence directe de C. Corot (1796 – 1875), G. Courbet (1819 – 1877) et J-F Millet (1814 – 1875), le jeune peintre se laisse emporter par l’évolution stylistique de l’époque en exprimant sa préférence pour les paysages bucoliques, qu’il illustre avec comme repère affectif des figures ou des coins de nature rappelant ses origines. 

En 1869 N. Grigorescu retourne en Roumanie. Déterminé à faire connaître le pittoresque de son pays et de ses habitants, il actualise un sujet considéré comme "exotique"  en représentant des scènes inspirées de la vie des tsiganes. Après 1879, le peintre nuance le réalisme qui marque sa création d’une manière impressionniste.

Abandonnant la ligne en faveur d’une composition réalisée à l’aide des taches de couleurs (créant ainsi des effets impressionnistes sans utiliser une technique impressionniste per se), N. Grigorescu trouve son inspiration dans les foires et les marchés ainsi que dans les caravanes suivant des chemins de campagne poussiéreux. 

En quête d’authenticité, N. Grigorescu devient également un rapsode de la vie pastorale. Son paysage est idyllique. Son village est archétypal. Ses chars à bœufs, ainsi que ses nuages, animent la composition en créant une sensation de mouvement. Ses personnages ont des silhouettes fines et prennent des poses étudiées. 

Pendant la "Période blanche" (1900 – 1907), survenue vers la fin de sa vie, N. Grigorescu crée des pièces plus aérées et plus lumineuses, ses toiles étant peintes exclusivement en nuances de gris et de blanc. La technique est simplifiée tandis que les formes sont visiblement épurées. Pourtant il reste toujours encore inégalable.

 

Source d'information: 

Musée National d'Art de Roumanie, Grigorescu, peintre de la nature (1838 - 1907), București : Editura Muzeul Național de Artă al României, 2007